Éduquer, protéger, prévenir. Cette année, plus de 800 élèves, de la grande section de maternelle à la terminale, ont été accompagnés dans 10 établissements scolaires, publics et privés sous contrat, répartis sur les secteurs de la SNA, Louviers, Elbeuf et Bonnières-sur-Seine.

Si l’essentiel des actions de sensibilisation s’est déroulé dans les collèges, de nombreux enseignants du premier degré expriment aujourd’hui leur volonté d’agir à leur tour. Ils souhaitent bénéficier d’un accompagnement pour mettre en œuvre des séances adaptées, notamment dans le cadre du programme EVARS, dédié à la prévention des violences et à l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle.

Des chiffres alarmants qui ne laissent plus place au doute

La nécessité de cette mobilisation ne fait plus débat. Les données sont glaçantes :

  • 1 enfant est agressé sexuellement toutes les 3 minutes en France.
  • 3 enfants par classe sont victimes d’inceste.
  • 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 12 sont concernés, un chiffre qui tend à évoluer vers 1 garçon sur 7, non pas en raison d’une hausse des agressions, mais parce que les garçons osent davantage parler aujourd’hui.

Et ces violences n’épargnent pas l’école : selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale, 1 500 signalements de violences sexuelles sont faits chaque année en milieu scolaire. Un chiffre vraisemblablement sous-évalué, puisque la moitié des enfants victimes ne parleront jamais.
Une récente enquête intitulée « Tableau noir », publiée par la journaliste Aude Lorriaux, souligne un autre fait trop souvent ignoré : près de la moitié des auteurs de ces violences sont eux-mêmes mineurs, parfois âgés de moins de 13 ans.

Enfin, il est important de rappeler qu’un enfant est exposé à du contenu pornographique dès l’âge de 7 ans en moyenne, ce qui fragilise d’autant plus leur développement psycho-affectif.

Oser en parler pour mieux prévenir

Dans ce contexte, les établissements qui s’engagent dans des actions de prévention des violences sexuelles jouent un rôle fondamental. Nous les remercions sincèrement pour leur confiance.

Nous savons que ce sujet reste difficile à aborder, que la peur de mal faire ou de heurter est encore présente, chez les enseignants comme chez les familles. Mais il est aujourd’hui prouvé — et appuyé par de nombreuses recherches scientifiques — que la meilleure prévention reste la parole, quand elle est encadrée, adaptée et respectueuse de l’âge des enfants.

Une mobilisation nécessaire, un enjeu de santé publique

Oser parler des violences sexuelles faites aux enfants, c’est briser le silence qui protège les agresseurs. C’est permettre aux victimes de se reconstruire. C’est prévenir d’autres actes. C’est enfin affirmer que la protection de l’enfance n’est pas une option, mais un impératif collectif.