PAROLE DE PSYCHOLOGUE

Dois-je raconter ?

Il est important de parler, de mettre des mots sur ce que l’on a subi, mais cela peut prendre du temps. Souvent, la victime a honte et culpabilise de ce qui s’est passé, ce qui ne facilite pas la libération de sa parole. Il faut ajouter à cela que l’agresseur crée une emprise sur la victime, et lui met la pression « tu sais si tu en parles, personne ne te croira », « c’est notre secret à tous les deux », « j’irai en prison si tu le dis », « tu sais à quel point ça ferait du mal à maman d’en parler » (…). Il est important de faire confiance à un adulte, et/ ou d’en parler à un spécialiste (médecin, psychologue, avocat…) afin que cet adulte bienveillant puisse guider et orienter vers la Police ou la Gendarmerie Nationale. Les forces de l’ordre pourront aider et accompagner à un dépôt de plainte si la victime le souhaite.

Il ne faut pas se précipiter, et prendre le temps de dire les choses lorsqu’on se sent prêt.

Pourquoi moi ?

Le « pourquoi moi » revient régulièrement lorsqu’on a été victime, et malheureusement, il n’y a pas de réponse. L’auteur lui-même n’est parfois pas en mesure de répondre à cette question. Ce qui est certain, c’est que la honte et la culpabilité que portent la victime, ne lui appartiennent pas. Ce n’est pas à la victime de culpabiliser ou d’avoir honte, ce n’est pas elle qui a commis un acte criminel ou délictueux, mais bel et bien à l’auteur.

Comment un enfant peut consentir ou comprendre ce qu’il est entrain de se passer ? Comment peut il craindre un adulte de son entourage en qui il a confiance ?

Autant de questions qui peuvent générer de la culpabilité de ne pas avoir dit non, de ne pas avoir prévenu un autre adulte, et générer de la honte d’avoir eu des réactions physiologiques, de ne pas s’être opposé (…).

Le seul responsable est l’auteur des violences sexuelles et non la victime.

Et si personne ne le croit ? 

Cette question est l’une des premières que peut se poser une victime avant de verbaliser les faits. Il ne faut pas se mentir, il arrive malheureusement trop souvent, que l’entourage n’y croit pas dans un premier temps ou remette en doute la parole de l’enfant. En effet, ce tonton/ cette tata, ce grand père/ cette grand-mère, ce père/ cette mère, ce maitre/ cette maitresse (…) est tellement gentil, adorable, proche, doux et tant d’autres compliments, qu’il est difficile d’imaginer qu’il puisse commettre de tels actes. Ce n’est pas parce que l’entourage remet en question ces faits, qu’ils n’ont pas eu lieu. Il faut parfois du temps à l’entourage pour réaliser la réalité qui est difficile à voir : « comment ai-je pu ne pas voir ? comment est ce que cela a pu se passer sous mon toit ? comment ai-je pu être aussi naïf ? (…) ». L’entourage peut se sentir démuni, culpabiliser, avoir honte, ne pas savoir quoi faire, banaliser, s’effondrer, être en colère (…), autant de réactions qui peuvent mettre en difficulté la victime.

Même si personne ne croit ce qui s’est passé dans l’entourage, il est important de trouver un professionnel qui saura avoir une écoute attentive, bienveillante, neutre et sans jugement de ce qui s’est passé… et ça existe !

Si je parle, j’ai peur …

Parler d’une agression sexuelle dont on a été victime fait souvent peur, et pourtant, ce n’est pas à la victime d’avoir peur des conséquences. Il est vrai que ce genre de faits viennent remuer la dynamique familiale, ainsi que les places et les rôles de chacun, mais il est important de pouvoir lever le secret, pour soi, mais aussi pour les potentielles autres victimes de l’auteur.

J’ai ressenti du plaisir …

Le corps est une machine qu’on ne contrôle pas toujours, et il arrive qu’il y ait des réactions physiologiques qui laissent penser qu’on éprouve du plaisir pendant une agression (érection, sécrétion vaginale, orgasme) … alors que ce n’est pas le cas ! Cela crée de la confusion, d’autant qu’il est courant que l’auteur induise l’aspect doux voire agréable de l’acte qu’il commet « si tu n’aimais pas, tu me le dirai », « je suis sur que tu aimes ça, ça fait du bien », « ce ne sont que des chatouilles » (…).

Une violence sexuelle, malgré sa sémantique, n’est pas nécessairement violente sur le plan physique, ce qui peut induire de la confusion chez la victime.

Éprouver du plaisir, ne veut en aucun cas dire que l’enfant était consentant ou qu’il avait la maturité suffisante pour comprendre ce qu’il se passait.

J’ai eu peur de reproduire …

Il est vrai que de nombreux auteurs ont été victime de violence sexuelle ou de maltraitance physique et/ ou psychologique, mais tous les enfants victimes de violences sexuelles ne deviennent pas automatiquement et systématiquement des auteurs. Beaucoup de ces enfants trouvent des facteurs de résilience : des enseignants, des médecins, des amis, des psychologues(…) bref, des adultes sécurisants et contenants autour d’eux, qui leur permettent de se reconstruire, malgré leur vécu et d’avoir confiance en l’humain.

Subir une violence sexuelle ne signifie en aucun cas que j’en ferai subir à mon tour.